Hötel Les Zianides
300 lits Découvrez les album de PHOTOGRAPHIES :
L’hôtel des Zianides tient son nom de la dynastie éclairée des sultans qui gouverna la ville de Tlemcen du XIIIe siècle jusqu’à l’occupation ottomane au XVIe siècle. À la frontière du Maroc, la ville contient des joyaux architecturaux construits en brique et somptueusement ornés de stucs et de décors de zellige (de l'arabe : زليج, petite pierre polie, mosaïque de morceaux de faïence colorée). La composition de l’hôtel des Zianides indique que F. Pouillon a été sensible à la maîtrise de l’art des proportions et de l’ornementation qui fonde les monuments historiques de la ville ancienne. Principalement construite comme une épaisse muraille en briques, la façade principale et publique de l’hôtel est composée en trois parties horizontales distinctes. L’ordonnance du corps principal, du 2ème au 4ème étage, est régulière et classique, et la manière de F. Pouillon d’inverser l’horizontalité d’une masse à l’aide d’une modénature qui privilégie les rythmes verticaux de la travée apparaît immédiatement. Cette partie de façade supporte un couronnement sur deux étages, également en briques, qui tient à la fois du couronnement de la place des 200 colonnes de Climat de France, de la tour en briques de l’hôtel Riadh à Sidi Fredj et de l’hôtel El Manar à El Kala. Le soubassement de cet ensemble est constitué d’un complexe colonnes-chapiteaux–architrave en béton brut (aujourd’hui peint) qui englobe les deux premiers niveaux, rez-de-chaussée et entresol, dont les façades sont en léger retrait pour mieux faire apparaître l’effet de soubassement. Le niveau de l’entresol bénéficie d’un joli traitement d’assemblage décoratif des briques. Les travées du niveau à rez-de-chaussée sont toutes obturées par des murs lisses, excepté les trois travées de l’entrée de l’hôtel. Rappelons que F. Pouillon relança une industrie de fabrication de briques dans la région de Timimoun (aujourd’hui disparue ?) qui pourvut entre autres à ses projets. Le niveau rez-de-chaussée de l’hôtel est très en contrebas par rapport à son environnement. Les photographies permettent de comprendre comment F. Pouillon a travaillé visuellement à la fois pour le marcheur le long de la voie en surplomb et pour la personne qui accède à l’hôtel. C’est ainsi que, de loin, le niveau de l’entresol avec son décor et ses colonnes, chapiteaux et architrave, joue un rôle primordial, apparaissant comme celui qui porte tous les autres. À l’instar de l’architecture musulmane, la sobriété de cette façade livre peu de ce qu’elle abrite. Sans doute cela a-t-il paru excessif de nos jours puisqu’un portique à stuc dans le goût du patio intérieur a été construit en avancée de la façade pour l’accès à l’hôtel. À l’évidence l’intention de F. Pouillon a été de restituer ici des visions et des sensations qui émanent de l’art à Tlemcen, comme par exemple dans le sublime ensemble royal du palais du Mechouar et de la mosquée de Abou Hamou Moussa 1er (circa 1318). À l’intérieur de l’hôtel aujourd’hui les aménagements ne rendent plus totalement compte du projet de F. Pouillon mais ont traversé les décennies au moins jusqu’en 2011 (année des photographies): - les zellige des piliers du hall d’accueil ; certains n’ayant à l’époque pas été tout à fait achevés en raison de la guerre du Sahara occidental qui a entraîné ipso facto le départ du chantier de tous les ouvriers marocains qui réalisaient justement ces zellige. Notons que leur dessin reprend exactement celui des zellige dont les vestiges sont visibles dans la mosquée royale (voir l’album de photographies contemporaines). - le patio, ses colonnes, arcatures et surtout stucs magnifiques, sont évidemment aussi inspirées de l’ensemble royal du Mechouar. En revanche le dallage, formé de semis de marbre de couleur (ici vert) dans un marbre blanc n’est pas sans rappeler celui (semis noir sur blanc) de la galerie du Jardin de Flore au 24 place des Vosges à Paris réalisé à la même époque mais ici le tressage du marbre blanc semble inédit. - le restaurant : subsiste l’étonnante charpente à deux nefs de la toiture du restaurant, dont on peut noter que sa forme et son gabarit extérieurs sont sensiblement similaires à ceux que l’on retrouve dans l’ensemble royal du Mechouar. Par ailleurs l’importance de la charpente en bois du restaurant n’est pas sans évoquer l’importance produite par les boiseries des plafonds du Mechouar. Les livres majeurs sur l’art de la charpenterie, en particulier les traités fameux de Mathurin Jousse (XVIIe siècle) faisaient naturellement partie de sa bibliothèque. - la piscine : elle semble inchangée, mais le muret de soubassement de la terrasse du restaurant a été modifié. - le parc: il a considérablement diminué. |