Hôtel M'zab (ex-Rostrémides)
600 lits Un paquebot échoué dans un pli du relief rocailleux de la vallée du M'zab, c'est ainsi qu'apparaît en ce moment l'hôtel M'zab, plus connu sous son premier nom les Rostémides, dynastie ibadite qui régna de 776 à 909 sur le royaume de Tahert (détruite, proche de Tiaret).
C’est que l’édifice, au lieu d’être restauré dans le ton d’origine sable qui le fondait dans le paysage, a récemment été entièrement peint en blanc avec des rehauts rouge brique. Aussi la subtilité du rapport entre les ombres, les percements, les fentes, les ouvertures et le revêtement à la chaux façonné sur les formes curvilignes a été gommé au profit d’une silhouette hors d’échelle qui, vue des plateaux, contraste singulièrement avec l'architecture, l'urbanisme et la colorimétrie si sensibles de la vallée du M'zab et le magnifique site de la ville de Ghardaïa (comparer avec l’album de photographies d’archives). La peinture blanche a aussi pour effet de mettre en évidence les coulures d’eau de pluie chargée de sable. En revanche la restauration intérieure est d’une sobriété exemplaire qui mérite d’être mentionnée car, fait exceptionnel dans la vie des réalisations algériennes de Fernand Pouillon, aucun ajout de couleur, d’équipement, de matériaux, aucun détournement de formes ou d’organisation des espaces, ne vient ici dénaturer la beauté des volumes initiaux et la pureté des espaces originels ainsi mises en évidence. Seuls quelques éléments sont trop voyants comme par exemple l’escalier extérieur en demi-cercle trop souligné par le marbre rouge brun, le revêtement bleu autour de la piscine, les incontournables plinthes noires dans les chambres et leur terrasse, quelques faux-plafonds...Mais, blanche et dépouillée, la salle de restaurant par exemple dégage une très belle atmosphère de sérénité et presque de recueillement. Les troncs de palmiers formant garde-corps qui donnent tant de charme comme au Riadh à Sidi Ferruch ont été remplacés par de l’inox. L’équilibre règne dans ces lieux et il faut espérer que cette réalisation majeure de Fernand Pouillon connaîtra un destin heureux. Par chance nous avons pu prendre les photographies alors que l’hôtel était vide dans l’attente d’un repreneur privé, mais par un fort vent de sable. Aussi les couleurs des photographies sont-elles dénaturées par une dominante tantôt jaune, tantôt rouge, et les espaces envahis par le sable. L’avant-dernière photographie montre le système de murets qui camoufle les sorties de ventilation en terrasse. La dernière photographie expose le système de niche en mortier moulé qui sert à encastrer l’éclairage en donnant l’impression de cavités creusées manuellement dans le mur. La niche moulée est intégrée à l’intérieur des murs, puis noyée dans un enduit lissé à la main (voir photographie 8 du hall d’entrée). |