Résidence du stade Buffalo 1955-1958
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10-20 rue du Fort, 31-51bis rue Carvès, 2-28 rue du stade Buffalo, 35-37 rue Victor Basch.
La photographie d'archives permet de mesurer le travail de perspectives fait par Fernand Pouillon pour augmenter la sensation d'espace et, par là, diminuer la sensation de densité avec les effets de pondération des masses et des lignes fuyantes. On aperçoit sur la photographie, au bout de la perspective, les immeubles de la cour de marbre. On remarque que les meneaux et les tableaux entre meneaux étaient peints en noir. Cela fait partie du travail que Fernand Pouillon mène pour que les habitants de ses ensembles se sentent habiter des espaces dignes. En effet les façades de la cour de marbre sont dessinées de façon que l'on ne lise pas un nombre d'étages, mais que l'on observe des masses à l'intérieur même de la façade. Ainsi les façades de la cour de marbre ne se lisent pas comme un immeuble R+4 mais comme deux étages, un noble et un bourgeois, qui reposent sur un soubassement et qui sont surmontés d'un attique ou d'une toiture à la Mansart comme peut-être Fernand Pouillon a voulu le suggérer avec cette couleur sombre. Le plus surprenant dans la Résidence du stade Buffalo, c'est l'intimité des lieux, la "paisibilité" de l'ensemble, des sensations identiques à celles d'une incursion dans une importante propriété avec son parc, ses murs très hauts, ses cours intérieures, plus ou moins grandes, plantées. Ces sensations-là existent pour tous à Paris au Palais-Royal, place Dauphine, autrefois place des Vosges lorsqu'elle était moins fréquentée. On perçoit le bruit de la ville mais ce qu'on entend surtout c'est le silence, le calme, l'intériorité des lieux. Un monde en soi. Cela vient de ce que Fernand Pouillon a pratiqué un travail d'orfèvre pour la conception de cette résidence. Les 466 logements sont distribués autour de cinq espaces très différents, ce qui réduit immédiatement la perception de la densité réelle à une densité visuelle beaucoup moins importante, agréable même. Deux dispositifs majeurs identifient ces espaces : leurs proportions en plan et leurs proportions en hauteur avec un travail étonnant sur la perception désirée par le concepteur de cette hauteur, bien différente de la hauteur réelle. Les bandeaux filants à chaque hauteur d'étage, récurrents dans l'œuvre de Fernand Pouillon, créent des lignes fuyantes qui agrandissent l'espace. Ici ce principe est porté à son comble avec la mise en œuvre sur les immeubles R+7 d'un balcon filant au 5ème étage qui se raccorde visuellement à la corniche en débord des immeubles R+4. La véritable hauteur du bâti est ainsi masquée, et la lecture rapide et inconsciente de la hauteur d'immeubles n'est pas la réalité. Les façades des immeubles en périphérie sur les rues Carvès et sur la rue Victor Basch se lisent vraiment comme des façades R+4(+3) et non comme des façades R+7, les façades de la cour de marbre rose comme R+3(+1) et non R+4. C'est une des raisons pour lesquelles la tour, isolée sur pilotis, de béton, de pierre et de verre, au cœur de la résidence, véritablement et sans fard R+7, devient l'élément remarquable et unique à tous points de vue, de l'ensemble. Avec elle on retrouve la référence à la tour, au clocher, au campanile, élément isolé fédérateur de l'inconscient collectif de tout ensemble urbain qui caractérise les réalisations de Fernand Pouillon. Il y a beaucoup à analyser dans cette œuvre et Jacques Lucan dans son ouvrage " Fernand Pouillon architecte " aux éditions Pavillon de l'Arsenal et Picard, 2003, a raison de souligner que cette opération est l'une des plus complexes conçues par Fernand Pouillon. Elle est aussi l'une des plus abouties. Quelques éléments ont été transformés par la copropriété comme le petit muret de briques autour du bassin, des menuiseries, des garde-corps, mais il faut la féliciter d'avoir su préserver l'esprit de la conception originelle de la résidence. Découvrez les photographies d'archive et contemporaines>>
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