Le Point du Jour 1957-1963
Avenue Pierre-Grenier, rue du Point-du-Jour, Cours des Longs-Prés, Place Saint-Germain-des-Longs-Prés, Place Corneille, rue du Dôme.
(La " visite " de l'album commence par une des entrées avenue Pierre-Grenier et se termine par l'immeuble qui donne sur la rue du Dôme). Le Point du Jour c'est un ensemble de deux mille deux-cent soixante logements, équipements et commerces, presque en bord de Seine, répartis sur plus de vingt-cinq immeubles, hauts de un à quinze étages. Parce que les façades sur rue sont disposées de telle façon qu'on ne les perçoit presque pas, surtout avenue Pierre-Grenier, on a de la peine à trouver ce joyau urbain dont une façade était recouverte de feuilles d'or avant qu'une restauration récente ne transforme l'or en aluminium doré. Fernand Pouillon dans les " Mémoires d'un architecte ",1968, ed. du Seuil, raconte combien la réalisation du Point du Jour telle qu'il l'a imaginée était proche de son idéal : des jardins féeriques pour le piéton tandis que les voitures se faufileraient confortablement aux pieds des immeubles. Pourtant la performance va bien au-delà de cette brève description. Comme dans tous ses ensembles parisiens Fernand Pouillon utilise les artifices de l'illusion optique pour faire accepter à l'œil, et par conséquent au cerveau, une densité importante. L'œil a besoin d'une échelle, il utilise celle qui est disponible et si possible, la plus agréable. Les grandes hauteurs, faites de pierre pleine (d'étroits pignons), de verre (qui reflète le ciel) ou d'innombrables cellules semblables à des ruches, ont une hauteur incalculable, sauf à prendre le temps d'y réfléchir vraiment, mais Fernand Pouillon veillera à ce que dans ces façades-là des lignes structurelles horizontales plus marquées créent des lignes de fuite qui font partie du système. En revanche le portique de pierre à deux niveaux, surmonté de un, ou de trois niveaux en retrait (donc visuellement diminué) ou de six niveaux (mais dont seulement quatre sont tout de suite visibles pour l'œil) donne une échelle très agréable. C'est celle que le cerveau va retenir et se servir pour calculer tout le reste. La pondération des masses entre elles ne présente aucun coût supplémentaire de construction. C'est pourtant d'elle que se dégage cette impression de beauté, de calme, d'équilibre tout simplement. |