Craravanserail El Mekter
A la lisière des Monts des Ksour qui forment l’Atlas saharien à cet endroit et culminent à plus de 2000 m, Ain Sefra à 1070 mètres d’altitude est aussi la porte du Sahara. En témoignent les vents de sable, les écarts de température et, surtout, ces majestueuses dunes de sable, décor changeant et chatoyant au pied du Djebel Mekter (2062 m) qui a donné son nom à l’hôtel.
La position de l’hôtel à l’écart du ksar, sans doute pour ne pas en perturber la vie traditionnelle, niché au milieu de la végétation dans les premières vagues de sable permettait aux touristes qui devaient en être les principaux usagers de se familiariser avec le Sahara qu’ils allaient affronter. Mais les touristes ne sont plus là. Et tandis que les complexes balnéaires construits par F. Pouillon rencontrent un franc succès auprès de la population algérienne et sont salués comme des réussites architecturales, les hôtels du Sahara, délaissés par la population locale et défigurés par une gestion inadaptée, ferment, comme celui-ci, les uns après les autres, et parfois même sont détruits. Ceci est dommage à plus d’un titre. D’abord parce que F. Pouillon, musulman d’adoption, a été à notre connaissance le seul architecte qui a voulu recomposer pour le peuple algérien un fil artistique brisé par la colonisation française, le chaînon manquant en quelque sorte, en résolvant sur le plan architectural une équation compliquée : le fait que ces cent cinquante années d’occupation avaient désormais également façonné le paysage culturel de l’Algérie et la nécessité d’ancrer le pays au monde contemporain hors duquel aucune nation ne peut vivre. Pour réaliser cette ambition il a puisé aux sources les plus merveilleuses et extraordinaires de l’art islamique qui, de l’Alhambra de Grenade, de la mosquée de Cordoue en Espagne à l’extraordinaire architecture persanne jusqu’au Taj Mahal en Inde, a su produire le pont certainement le plus étendu entre l’Occident et l’Orient. L’architecture de l’hôtel Mekter est composée de ces références tout en s’accordant au paysage austère des montagnes et sensuel du sable saharien, en harmonie avec la belle végétation au pied de la dune. |