Hôtel Marhaba
300 lits L’hôtel Marhaba est l’un des tout premiers réalisés par Fernand Pouillon à son retour en Algérie en 1966. Cette année-là, il réalise l’hôtel El Kaïd de Bou Saada, le Minzah à Moretti, l’hôtel et la station thermale de Saïda et le siège de la wilaya de Tlemcem.
Après le projet non réalisé de Saint-Jean-Cap Ferrat en 1965, et celui de la ville nouvelle de Créteil en 1964, la conception de l’hôtel, situé en ville, dut être un étonnant exercice de style. Elle annonce les formes du magnifique hôtel El Mountazah (du Rocher) à Seraïdi (Annaba) l’année suivante, et le hall d’entrée de l’hôtel Riadh à Sidi Ferruch deux ans plus tard. Les circulations de l’hôtel sont une fantaisie, un jeu, labyrinthe curviligne, attraction de « galerie des glaces » sans vitres, distractions sans fin du regard et de l’esprit, une échappée permanente de la droite vers la courbe que ne présage pas le sage alignement sur rue d’une aile de l’hôtel. La composition de l’hôtel est toute entière dédiée à la capture et à la domestication de la lumière naturelle ainsi qu’à l’apprivoisement de la circulation de l’air qui doit rafraichir les murs et les personnes. Ainsi doit-on comprendre les coupoles à fenestron, traditionnelles dans l’architecture orientale, ainsi que le bassin dans le puit de lumière de l'entrée. Sans doute l'expérience acquise en Iran y est-elle pour quelque chose. Le carrelage de la photographie n° 31 est un motif qui se dispose de toutes sortes de manières. A la villa des Arcades, résidence de F. Pouillon, il formait des lignes curvilignes irrégulières entre elles sur tout le pourtour du premier étage du patio. On devine qu’en 1966, si peu après l'Indépendance, l’hôtel a été réalisé avec une grande économie de moyens. Il est vraisemblable que le revêtement des murs à l’origine ait été la chaux blanche. Déjà apparaissent des caractéristiques des réalisations de F. Pouillon en Algérie: les éclairages encastrés dans le mur, si économes en appareils d’éclairage, les troncs de palmiers en guise de garde-corps, et les piscines rondes, à la structure si bon marché. Les photographies présentées ici sont de 2008, 2010 et 2011 et plus rarement de 1972. Il faut parfois faire un effort, qui n’est pas impossible, pour concevoir l’ambiance projetée par Fernand Pouillon. Cependant, quarante-cinq ans plus tard, il faudrait peu de choses pour lui redorer l’éclat d’origine. L’incursion dans l’hôtel commence de jour et se termine la nuit. Merci à Joëlle Menant, François Bouton, Clément Guillaume pour le prêt de leurs photographies. |